"Je suis venue à l'Institut Rural pendant huit ans. J'aimais beaucoup l'ambiance de travail et je m'entendais bien avec tout le monde. C'est dommage que je n'ai pas pu continuer à travailler ici".

La route qui mène à l'Institut Rural serpente sur les hauteurs de Saint- Etienne. C'est ici que Joëlle est venue travailler tous les jours pendant des années. "Le bus me déposait un peu plus bas, et je finissais à pied" explique-t-elle comme pour s'excuser. Son large sourire cache mal sa grande timidité. Les mots de Joëlle sont rares. Christiane Françon, coordinatrice GRETA prend le relais. "Joëlle est arrivée ici à sa sortie de l'institut médico- éducatif. Un établissement qui accueille les jeunes en difficulté d'apprentissage jusqu'à leur vingtième année maximum." Joëlle acquiesce avec un léger hochement de tête. Après un premier CES, Joëlle débute un contrat de qualification en maintenance et hygiène des locaux. MHL pour les initiés. "Mais alors qu'il était possible de préparer ce diplôme par unités capitalisables, cette disposition est brusquement arrêtée". Joëlle ne peut donc pas aller au bout de cette formation. Dommage. Unités capitalisables ? "C'est-à-dire que les professeurs rencontraient le jury du CAP pour que le diplôme soit validé par rapport au dossier et aux compétences acquises" explique Joëlle. Qu'à cela ne tienne, Joëlle ne se décourage pas et enchaîne une formation d'employée technique de collectivité. "J'avais envie de faire un peu de cuisine" murmure- t- elle. Nouveau silence. Pendant deux ans et demi, Joëlle se rend donc deux jours par semaine à Firminy "pour suivre des cours de mathématiques, français, aide à la personne, blanchisserie, vie sociale et professionnelle". Le reste de la semaine, Joëlle est à l'Institut Rural. Sacrées semaines ! Malgré quelques difficultés rencontrées en cuisine, Joëlle persévère et réalise de nombreux progrès au prix d'efforts extraordinaires. "Joëlle a beaucoup progressé pour arriver à travailler en autonomie, qui est aussi l'objectif de cette formation" se réjouit Madame Lermet, directrice de l'Institut Rural. Joëlle rougit. "On m'a beaucoup aidé" confie- t- elle. "Mais c'est vrai, à la fin, j'y arrivais bien". Le sourire est radieux. Pour la première fois.

"Tous les mois, on faisait le point des cours pratiques et théoriques pour que Joëlle tire le maximum de bénéfice de sa formation" poursuit Christiane Françon. "Pendant ces deux années, j'ai vraiment pris goût à la cuisine" poursuit Joëlle. Au final, la formation se déroule très bien. "Et puis Joëlle s'entend bien avec tout le monde" ajoute Madame Lermet. A nouveau, Joëlle lâche un léger sourire et rougit. Aujourd'hui ? "La partie professionnelle du CAP avait déjà été acquise et la commission vient de valider la partie théorique" note Christiane Françon. Une belle réussite.
Aujourd'hui, Joëlle a quitté l'Institut Rural. Elle éprouve quelques regrets bien sûr. "Après huit ans passés ici, c'est pas facile de partir". Elle est à la recherche d'un emploi. Très volontaire, elle a déjà passé plusieurs entretiens. "On a bon espoir d'aboutir bientôt" insiste Christiane Françon. En attendant, Joëlle poursuit l'apprentissage de la conduite. "Ce n'est pas facile, mais je fais des progrès et j'espère y arriver bientôt". "Joëlle habite à la campagne à quarante kilomètres de Saint- Etienne" souligne Christiane Françon. "Ce sera plus facile d'aller travailler en voiture. Elle sera plus autonome". La voie est libre.

©photos : Marie-laure Costa

texte mis à jour le :  11 février 2005