Handiplace est le site d'information d'Alter Egal
Handiplace : Emploi, Formation, Insertion des personnes handicapées
 
 
 

Affichage déficients visuels
Imprimer la page

Bernard Gaiffier, 52 ans. Pêcheur professionnel - Brison-Saint-Innocent (Savoie)


PARCOURS

7 FÉVRIER 2000
Demande de la COTOREP adressée à Cap Emploi
29 FÉVRIER 2000
Début d'intervention ergonomique
18 AVRIL 2000
Présentation du rapport ergonomique
1 ER AOÛT 2000
Envoi du dossier à l'Agefiph
4 JUILLET 2001

Validation de l'aménagement

"Pendant vingt ans, j'ai posé et relevé des filets de pêche, penché sur le rebord du bateau.
J'ai porté des caisses, découpé des tonnes de poissons.
Quand la douleur aux épaules est devenue insupportable, je me suis dit qu'il fallait que je trouve une solution avant de ne plus pouvoir rien faire".




Petit matin frais sur le lac du Bourget. Les eaux sont encore calmes et tranquilles. Le jour se lève sur la chaîne de Belledonne. Il est 5 heures. Le bateau de Bernard Gaiffier, l'un des dix pêcheurs professionnels du lac du Bourget, quitte le ponton. Léger clapot. Direction le large où les filets ont été posés la veille au soir. Premiers poissons, des gardons. Puis un lavaret et un omble. "Sans doute le meilleur poisson". Les caisses se remplissent peu à peu. Depuis quelques semaines, Michaël, jeune stagiaire en aquaculture l'accompagne. "Sinon, je suis tout seul pour poser les filets, les relever, décharger les caisses et m'occuper du poisson". Mais notre homme ne se plaint pas. Jamais. "Tout doit être fini avant midi !" lance-t-il, affairé à dégager un poisson pris dans les mailles du filet.
"Pendant plus de vingt ans, j'ai exercé la double activité de pêcheur et de restaurateur à Brison-Saint-Innocent sur les bords du lac". Cuisine, pêche, chargement et déchargement des caisses, filetage des poissons, les épaules sont mises à rude épreuve. "Je dormais quatre heures par nuit et j'enchaînais la cuisine et la pêche". Dur. Trop dur. Les premiers ennuis de santé apparaissent, il y a quinze ans déjà. Pourtant, l'homme est robuste. "Je n'arrivais plus à lever les bras au-dessus des épaules" explique-t-il en joignant le geste à ses paroles." Et encore, avant, j'avais un bateau qui était beaucoup moins pratique que celui que j'ai aujourd'hui !". Sa précédente embarcation est toujours amarrée dans le petit port. Une barque verte, très basse. Le changement est radical ! "Cela devenait impossible de continuer les deux activités". Trop éprouvant. Ses problèmes de santé ont raison d'un de ses métiers. "Il y a dix ans, j'ai dû arrêter la restauration, tout en continuant la pêche". Une véritable passion, comme elle l'était pour son père.

Reconnu travailleur handicapé il y a six ans, il doit assumer une pathologie très importante des deux épaules avec des lésions irréversibles des muscles des épaules. "J'ai alors cherché des solutions pour pouvoir continuer la pêche". Son dossier est ainsi dirigé vers le pôle ergonomie de Cap Emploi. Au grand étonnement de Bernard, qui "ne pensait pas du tout que cela était possible", une étude est lancée pour aménager son poste de travail et lui permettre de continuer son métier de pêcheur. Une ergonome de Cap Emploi l'accompagne donc sur son bateau, note tous ses gestes un par un et leur répétition au cours de la journée. Une rencontre capitale. "Ensemble, on est allé sur le lac Léman pour voir les bateaux de pêche qui naviguent là-bas". Au final, un nouveau bateau est construit. Plus haut, fond plat, tout en alu. "Il aurait été impossible de financer un tel bateau sans l'aide de l'Agefiph" reconnaît-il. "Mais ça change la vie de pêcheur. On devrait tous avoir ce type de bateau, sinon, c'est le mal de dos garanti !".
Huit heures, retour au port. Une mouette accompagne l'embarcation. Direction la maison de Bernard. Une grande bâtisse qui fut jadis l'hôtel-restaurant. "On a dû tout réaménager. Les chambres ont été transformées en studio et la salle de restaurant est devenue notre salle de séjour". Au sous-sol, c'est l'atelier de transformation du poisson. Il faut faire vite. Cinq caisses de gardons. "Je suis le seul sur le lac du Bourget à garder les gardons" s'amuse Bernard, content du bon mot. "On lève les filets qui seront vendus à des restaurateurs". Un vrai coup de main. Tout le monde s'y met. Michaël prépare le poisson, Bernard lève les filets et sa femme les emballe pour les congeler. "Ensuite, ils seront marinés et servis en entrée". Un régal. Pour faciliter la transformation du poisson, Bernard a également bénéficié d'une machine à "fileter" les poissons, financée elle aussi par l'Agefiph Rhône-Alpes. Ce "fileteur" simplifie ainsi cette tâche quotidienne. Nouveau bateau, nouvelle machine, Bernard navigue désormais sous de meilleurs auspices ! Fluctuat nec mergitur.

©photos : Marie-laure Costa

haut de la page

texte mis à jour le :  11 février 2005

          
| Handiplace en page d'accueil | | e-mail Webmaster Webmaster |