"Lorsque j'ai fait mon premier CES à la maison de retraite de Chomérac, j'ai vraiment eu un flash. J'avais vraiment trouvé ma voie, c'était super. Je ne me voyais plus faire autre chose".

Odette, Julia, Victoria, Charlotte, Gaston. Ce sont tous un peu les grands-parents de Sandra, ici, à la maison de retraite de Chomérac. Nichée dans une petite rue coquette, la maison s'ouvre sur un jardin.
Sandra connaît maintenant bien les lieux. Plaisanteries avec les unes, mot gentil avec les autres, le petit accent chantant de l'Ardèche en plus. Sandra apprécie son travail auprès des personnes âgées. "Il faut avoir la pêche" lance-t-elle, sourire aux lèvres.
"Avant, j'étais secrétaire à la mairie puis à l'inspection académique". C'était en 1989. "J'ai été malade, j'ai fait une dépression, et je n'ai pas pu continuer à exercer mon métier". Sandra regarde au loin, soudain absente. Ce passé si lointain semble encore si présent. Hospitalisations, rechutes, Sandra passe des années difficiles. A la sortie, Sandra cherche à retravailler.
"C'était vital". Oui, mais que faire ? "J'étais très angoissée, j'avais peur de ne plus pouvoir travailler". Les mots sont lourds. Orientée vers l'EPSR, Sandra y rencontre "une assistante sociale formidable". "Je voulais être aide-soignante, mais en pré-orientation, on m'a dit que ce ne serait pas possible". Trop
fragile. "J'ai fait un premier CES dans une école, mais ça ne m'a pas plu". Le deuxième à la maison de retraite sonne comme une révélation. "Je me suis sentie tout de suite très bien". "Une expérience vraiment sensationnelle". Le sourire est radieux, les yeux de Sandra brillent derrière ses petites lunettes rondes. "L'ambiance est formidable et il y a une bonne entente entre toute l'équipe". Un petit tour des chambres en compagnie de Sandra confirme vite qu'elle est vraiment à l'aise avec tout le monde. Ménage, service à table, toute la journée, Sandra multiplie les échanges avec les pensionnaires.
Le CES dure trois ans, "mais je n'ai pas vu le temps passer !". Dans le même temps, Sandra effectue une remise à niveau pour préparer le BEP Sanitaire et Social, ainsi que la formation au permis de conduire, financée par l'Agefiph Rhône-Alpes. "Mais le permis, je n'y arrive pas, je n'arrive pas à me concentrer. Sans doute les médicaments". Ce n'est pas la volonté qui manque et Sandra persévèrera, c'est sûr !

"Après mon CES, mon emploi n'a pas pu être consolidé".
Sandra quitte donc la maison de retraite, à regret. Cependant, l'envie de se former est toujours là, intacte. Elle s'oriente sur une formation d'aide à domicile, couronnée de succès par l'obtention du diplôme "avec les félicitations du jury". Rien que ça ! Pré-orientation, stages, CES, validation de la partie théorique du BEP, Sandra ne reste jamais longtemps inactive ! 1998, autre lieu, autre formation. "Je suis partie un an à Montluçon suivre une formation d'employée technique de
collectivité en CRP". Excellente ambiance là encore. "La ville m'a beaucoup plu, et je me suis fait des amis". D'ailleurs Sandra passe régulièrement ses vacances avec une partie d'entre eux. A son retour de Montluçon, la chance lui sourit.
Sandra décroche un Contrat Emploi Consolidé (CEC) à la maison de retraite de Chomérac. Un retour aux sources ! "J'ai beaucoup galéré, mais maintenant ça va mieux. Tout ça, c'est grâce à l'assistante sociale et à la directrice de la maison de retraite. Je leur dois tout". Beaucoup de personnes l'ont effectivement aidée, mais Sandra a mis beaucoup d'énergie et de volonté pour réussir.
Les projets ? Sandra n'en manque pas. "J'aimerais bien repartir en formation pour me perfectionner". Quitter Chomérac aussi, peut-être pour retourner à Montluçon. L'oeil malicieux, Sandra sourit. Les années de galère semblent désormais bien loin.

©photos : Marie-laure Costa

texte mis à jour le :  11 février 2005